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5e dimanche de carême (année A)
« Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, Ô mon peuple. »
Lecture du livre du prophète Ézékiel
Ainsi parle le Seigneur Dieu :
Je vais ouvrir vos tombeaux
et je vous en ferai remonter,
ô mon peuple,
et je vous ramènerai sur la terre d’Israël.
Vous saurez que Je suis le Seigneur,
quand j’ouvrirai vos tombeaux
et vous en ferai remonter,
ô mon peuple !
Je mettrai en vous mon esprit,
et vous vivrez ;
je vous donnerai le repos sur votre terre.
Alors vous saurez que Je suis le Seigneur :
j’ai parlé
et je le ferai
– oracle du Seigneur.
– Parole du Seigneur.
R/ Près du Seigneur est l’amour,
près de lui abonde le rachat. (Ps 129, 7bc)
Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel !
Que ton oreille se fasse attentive
au cri de ma prière !
Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera ?
Mais près de toi se trouve le pardon
pour que l’homme te craigne.
J’espère le Seigneur de toute mon âme ;
je l’espère, et j’attends sa parole.
Mon âme attend le Seigneur
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.
Oui, près du Seigneur, est l’amour ;
près de lui, abonde le rachat.
C’est lui qui rachètera Israël
de toutes ses fautes.
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères,
ceux qui sont sous l’emprise de la chair
ne peuvent pas plaire à Dieu.
Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair,
mais sous celle de l’Esprit,
puisque l’Esprit de Dieu habite en vous.
Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas.
Mais si le Christ est en vous,
le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché,
mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes.
Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts
habite en vous,
celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts
donnera aussi la vie à vos corps mortels
par son Esprit qui habite en vous.
– Parole du Seigneur.
Gloire à toi, Seigneur,
gloire à toi.
Moi, je suis la résurrection et la vie, dit le Seigneur.
Celui qui croit en moi ne mourra jamais.
Gloire à toi, Seigneur,
gloire à toi. (cf. Jn 11, 25a.26)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
il y avait quelqu’un de malade,
Lazare, de Béthanie,
le village de Marie et de Marthe, sa sœur.
Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur
et lui essuya les pieds avec ses cheveux.
C’était son frère Lazare qui était malade.
Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus :
« Seigneur, celui que tu aimes est malade. »
En apprenant cela, Jésus dit :
« Cette maladie ne conduit pas à la mort,
elle est pour la gloire de Dieu,
afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »
Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare.
Quand il apprit que celui-ci était malade,
il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait.
Puis, après cela, il dit aux disciples :
« Revenons en Judée. »
Les disciples lui dirent :
« Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider,
et tu y retournes ? »
Jésus répondit :
« N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ?
Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas,
parce qu’il voit la lumière de ce monde ;
mais celui qui marche pendant la nuit trébuche,
parce que la lumière n’est pas en lui. »
Après ces paroles, il ajouta :
« Lazare, notre ami, s’est endormi ;
mais je vais aller le tirer de ce sommeil. »
Les disciples lui dirent alors :
« Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. »
Jésus avait parlé de la mort ;
eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil.
Alors il leur dit ouvertement :
« Lazare est mort,
et je me réjouis de n’avoir pas été là,
à cause de vous, pour que vous croyiez.
Mais allons auprès de lui ! »
Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),
dit aux autres disciples :
« Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »
À son arrivée,
Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà.
Comme Béthanie était tout près de Jérusalem
– à une distance de quinze stades
(c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –,
beaucoup de Juifs étaient venus
réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère.
Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus,
elle partit à sa rencontre,
tandis que Marie restait assise à la maison.
Marthe dit à Jésus :
« Seigneur, si tu avais été ici,
mon frère ne serait pas mort.
Mais maintenant encore, je le sais,
tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. »
Jésus lui dit :
« Ton frère ressuscitera. »
Marthe reprit :
« Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection,
au dernier jour. »
Jésus lui dit :
« Moi, je suis la résurrection et la vie.
Celui qui croit en moi,
même s’il meurt, vivra ;
quiconque vit et croit en moi
ne mourra jamais.
Crois-tu cela ? »
Elle répondit :
« Oui, Seigneur, je le crois :
tu es le Christ, le Fils de Dieu,
tu es celui qui vient dans le monde. »
Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie,
et lui dit tout bas :
« Le Maître est là, il t’appelle. »
Marie, dès qu’elle l’entendit,
se leva rapidement et alla rejoindre Jésus.
Il n’était pas encore entré dans le village,
mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré.
Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie
et la réconfortaient,
la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ;
ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer.
Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus.
Dès qu’elle le vit,
elle se jeta à ses pieds et lui dit :
« Seigneur, si tu avais été ici,
mon frère ne serait pas mort. »
Quand il vit qu’elle pleurait,
et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi,
Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé,
et il demanda :
« Où l’avez-vous déposé ? »
Ils lui répondirent :
« Seigneur, viens, et vois. »
Alors Jésus se mit à pleurer.
Les Juifs disaient :
« Voyez comme il l’aimait ! »
Mais certains d’entre eux dirent :
« Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle,
ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »
Jésus, repris par l’émotion,
arriva au tombeau.
C’était une grotte fermée par une pierre.
Jésus dit :
« Enlevez la pierre. »
Marthe, la sœur du défunt, lui dit :
« Seigneur, il sent déjà ;
c’est le quatrième jour qu’il est là. »
Alors Jésus dit à Marthe :
« Ne te l’ai-je pas dit ?
Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »
On enleva donc la pierre.
Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit :
« Père, je te rends grâce
parce que tu m’as exaucé.
Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ;
mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure,
afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. »
Après cela, il cria d’une voix forte :
« Lazare, viens dehors ! »
Et le mort sortit,
les pieds et les mains liés par des bandelettes,
le visage enveloppé d’un suaire.
Jésus leur dit :
« Déliez-le, et laissez-le aller. »
Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie
et avaient donc vu ce que Jésus avait fait,
crurent en lui.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie du Père Christophe POTEL :
La voix du prophète Ezekiel retentit alors que le peuple d’Israël vit le temps de l’exil en Babylone, loin de sa terre et de Jérusalem. Tout paraît perdu et les promesses de Dieu semblent avoir été vaines. Qu’adviendra-t-il de son peuple ? Quel avenir peut-il encore espérer ? Dieu l’a-t-il oublié ? L’éloignement et la dispersion nourrissent le doute et le découragement. Mais Dieu n’oublie pas son peuple, proclame le prophète : « je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez. J’ai parlé et je le ferai. »
Les longues années d’exil demeurent dans la mémoire d’Israël comme une profonde expérience de conversion dans le long chemin de foi qui relie le peuple choisi à son Dieu depuis le temps des patriarches. Sans cesse la relation entre Dieu et son peuple évolue et prend une forme nouvelle à travers les évènements de l’histoire. Privés de la proximité du temple de Jérusalem, de la terre d’élection, de cette assurance de la présence de Dieu à leur côté, les gens d’Israël se sentent perdus. Leur foi est mise à l’épreuve et va prendre des formes nouvelles. Ils découvrent petit à petit que Dieu n’est pas limité à une terre et un temple, mais qu’il les rejoint dans leur exil. Ils se considéraient comme morts, mais Dieu vient les réveiller, les éveiller à la vie. Une vie qui vient de lui : « vous vivrez ! »
Aujourd’hui le monde entier est en effervescence et s’interroge. Nombreux sont ceux qui vivent maintenant l’expérience du confinement avec tout ce que cela entraîne : distance entre les personnes, isolement chez soi, rues et places désertes, précautions obligatoires… Ce n’est pas un exil, mais l’impression d’éloignement et de séparation est réel et douloureux. Nous reprenons conscience d’une manière nouvelle et inattendue de l’importance vitale de tout ce qui nous relie les uns aux autres. Nous sommes des êtres de relation et sans ces multiples liens d’affection, d’amitié, de partage et de solidarité, nous devenons comme morts. La menace du virus nous fait ressentir soudainement notre vulnérabilité et notre fragilité. La vie n’est pas d’abord là où nous l’avons trop souvent réduite : satisfaction matérielle, confort de vie, progrès technique, sécurité économique, plaisirs faciles… avec tout ce que cela provoque comme déséquilibres pour nos sociétés et pour la planète ! Non… la vie est « ailleurs ». Nous ressentons que quelque chose doit vraiment changer !
Changer, peut-être… mais comment et pour quoi ? Pour quelle vie ? De quel « tombeau » devons-nous être libérés ? Peut-être justement de ce qui nous enferme sur nous-mêmes, au dépend d’une relation aux autres qui fait vivre. Relation aux autres et plus encore… relation à l’ « Autre », celui sans qui nos vies sont sans lumière et sans espérance.
« Seigneur, celui que tu aimes est malade ! » Dans l’évangile de ce dimanche, les sœurs de Lazare font prévenir Jésus. Leur frère est malade et la mort le menace. Le Maître pourra faire quelque chose pour le sauver, elles le croient. Mais Jésus tarde à venir. Il semble prendre son temps. Ses disciples le découragent de revenir en Judée où sa vie est maintenant menacée. Devant le spectre de la mort, les craintes et les doutes se multiplient. Jésus n’est pas un médecin ou un simple guérisseur. Il est venu pour faire entrer l’humanité dans une vie nouvelle en établissant entre Dieu, le Dieu d’Israël, Dieu qui donne et suscite la vie par la puissance de son amour, un lien si fort que rien, pas même la mort, ne pourra le détruire. « Cette maladie ne conduit pas à la mort. Elle est pour la gloire de Dieu », dit-il à ses disciples. A celui qui croit en sa Parole, Jésus promet, comme aux sœurs de Lazare : « celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. » Et voici que le tombeau s’ouvre pour laisser sortir Lazare.
Au jour de Pâques, qui approche, nous allons fêter la victoire du Christ Jésus sur la mort. Quelle mort ? Pas celle que notre corps connaîtra inéluctablement, comme Jésus lui-même l’a connue. Mais plutôt la mort spirituelle : la disparition de tous ces liens d’amour qui nous unissent et nous rattachent les uns aux autres et nous font vivre, et qui ne trouvent leur sens plénier et leur accomplissement que dans l’universel et infini amour qui est en Dieu. C’est la puissance de l’amour qui a voulu ce monde. C’est la puissance du même amour divin qui vient le sauver. « Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ! »
En ce temps de crise se révèle encore ce qu’il y a de meilleur dans le cœur de l’homme, mais aussi ce qu’il peut y avoir de pire. Quelque chose va-t-il advenir de tout cela ? Comme autrefois le peuple d’Israël en exil dont le cœur s’est laissé travailler et toucher par des évènements venus bousculer et menacer leur existence, puisse les hommes de ce temps – et parmi eux chacun de nous – se laisser enseigner et rejoindre par Celui qui ne cesse d’appeler l’humanité à la vie. « Moi », dit le Seigneur, « je suis la résurrection et la vie ! »